LA  MONGOLIE

 

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Splendide voyage où la nature nous remet à notre place, où elle est dominante, respectée (sauf autour des villes) et écoutée. Les nomades vivent à son rythme, avec ses caprices, en harmonie avec elle, dépendants d’elle. Elle est parfois dure et violente, mais c’est encore elle qui régit la vie. Actuellement elle se venge de ce que nous lui faisons subir par le changement de climat qui affecte les populations dépendantes d’elle : 2 ans consécutifs de sécheresse ont décimé les troupeaux puis un an avec de trop fortes pluies sur la terre desséchée a causé de graves inondations. Exode rural de gens totalement démunis qui espèrent trouver dans les villes de quoi subsister dans ce climat rude et sans merci. Nous sommes bien petits…  

Dimanche 27 Juin : Oulan Bator

Départ de Séoul vers midi avec beaucoup d’excitation et un peu d’appréhension. Avons nous pensé à tout ? On rêve de liberté et de grands espaces.  Dans l’avion, on nous met rapidement à l’épreuve avec la clim à fond… Puis nous survolons la frontière sino-mongole et la Mongolie. Fred et Gaby regardent par le hublot lors de la descente sur Oulan Bator. Une fois percée la couche de nuages, c’est une succession de collines, vallées et méandres. Ils aperçoivent de petits ronds largement disséminés, entourés de minuscules points mouvants. Gaby compare ces premiers gers (c’est le nom mongol des yourtes, qui lui, est le nom russe) entourés de bêtes à des fromages entourés de vers. Puis tout se rapproche, les gers deviennent plus distincts et les voitures garées à coté paraissent presque aussi grosses. Le paysage est grandiose, à perte de vue. L’avion survole l’aéroport, minuscule, avec au sol de vieux hélicoptères de l’armée russe. Ils ne paraissent pas fonctionnels, sauf peut être un ou deux. A l’arrivée passage de la douane sans problème. Le ciel est parsemé de quelques nuages, avec une température de 22.

 

Mejet, notre guide, nous attend avec une pancarte. Nous le suivons un peu intimidés jusqu’à une jeep russe bleue. Il nous prévient qu’elle n’est pas très confortable, mais solide et qu’on peut la réparer de partout. Ce sera notre carrosse. Le voyage jusqu’à la ville est l’occasion d’une grande excitation et d’éclats de rire. La route goudronnée est pleine de nids de poule, parfois énormes. C’est notre baptême de sauts et de secousses… La vitesse est réduite, mais on entend bien le moteur. Le voyage promet d’être sportif. Mon cou me fait souffrir, heureusement que j’ai pris ma minerve ! Nous découvrons une conduite anarchique, où le plus intimidant avec le plus gros klaxon passe. Les voitures ont aussi bien le volant à droite qu’à gauche. Elles roulent où la route est la moins mauvaise, ce qui la réduit souvent à une seule voie, et s’évitent au tout dernier moment… Wouhaou ! Les animaux s’en mêlent, à traverser quand bon leur semble, pas du tout intimidés par les chauffeurs qui ne ralentissent que si vraiment c’est indispensable… nous croisons ainsi jusqu’aux portes de la ville des chèvres, moutons, vaches chevaux et chiens. Les gens portent encore beaucoup le costume traditionnel avec le grand manteau ceinturé de couleur vive et les bottes. On voudrait déjà s’arrêter pour prendre des photos…   

La banlieue ressemble à un village de gers barricadés derrière de hautes barrières de bois. Le gouvernement ayant donné des parcelles aux gens, ils marquent leur territoire. Hors des villes il n’y a pas de propriété privée et la terre appartient à tout le monde. Alors les gers s’ouvrent sur l’immensité de la nature. A l’entrée  de la ville une centrale thermique crache sa fumée, et vomit des d’énormes tuyaux en partie décalfeutrés  conduisant l’eau chaude et le chauffage collectif pour toute la ville « en dur », séquelles de l’économie communiste.

 

 Puis nous arrivons chez Mejet, dans un immeuble vieux et défraîchit. Tout alentours est vétuste, avec une cour terreuse, le ciment ayant disparu. Dans l’escalier (l’ascenseur ne fonctionne , nous sommes assaillis par des odeurs campagnardes de laitage. Présentations avec sa femme, Bilegt, médecin qui parle très bien anglais, et ses deux fils de 3 et 5 ans, puis avec Annie, instit retraitée, qui sera notre compagnon de voyage. Nous nous installons dans la chambre des enfants, Annie dans celle des parents, la famille occupant le salon. Nous partageons thé, pain et confiture, puis partons faire des courses pour 15 jours de voyage, Mejet n’étant pas sûr de ce que nous pourrons trouver plus tard. Nous nous fions aux dessins sur les étiquettes des boites, ce sera la surprise quand nous les ouvrirons. Grosse provision d’eau, et quelques légumes (patates carottes, concombres, oignons et ail) achetés au marché. Il s’agit en fait de conteners alignés.   

De retour à la maison, Gaby tente de se confronter avec la jeunesse qui joue en bas. Elle observe un moment puis franchit le pas et trouve une fille de son age qui parle un peu anglais. Elle nous rejoint pour le repas, soupe de nouilles avec de la viande et des carottes. C’est délicieux. Mejet nous donne le programme du voyage et nous souhaite bonne nuit. Nous essayons de diminuer nos bagages de peur que tout ne rentre pas dans la voiture, mais nous n’avons pas emmené grand chose… Les bruits de la banlieue et de l’immeuble nous incommodent pour nous endormir. En pleine nuit, on se croirait en boite de nuit, quelqu’un écoute de la musique et en fait profiter le voisinage…

 

Lundi 28 juillet : Oulan Bator ->Baga Gazryn Chuluu

      

Petit déjeuner, bouclage des bagages et chargement de la voiture. Tout rentre avec quelques affaires sur la galerie. Départ vers 11 heures. A la sortie de la ville, on quitte la route pour une piste, premières VRAIES bosses… Des troupeaux de chevaux sont déjà là, à s’entraîner pour le grand Naadam qui aura lieu dans quinze jours.   

 

Nous commençons à prendre conscience de l’immensité qui nous entoure, avec ses successions de vallons et de collines aux formes douces.

 

 

L’herbe est courte, pas très abondante. Ce sont de gigantesques prairies avec fort peu d’habitants. Ils s’installent à proximité des points d’eau ou des puits. Imperceptiblement, au fur et à mesure de notre évolution, les couleurs changent, la végétation aussi. Il n’y a pas de possibilité de se cacher pour les pauses pipi, alors les hommes se mettent d’un coté de la voiture et les femmes de l’autre. Nous avons le plaisir d’observer le vol puissant  et proche de vautours.

Les grandes plumes du bout des ailes se détachent dans le ciel, et nous voyons bien leur travail de stabilisation et de direction. On perçoit le bruissement de l’air à chaque battement d’aile.

Un troupeau de moutons et de chèvres s’abreuve dans une flaque sur la piste.

 

Mejet s’arrête à la station d’essence, perdue dans les immensités, jolie cabane colorée et décors de western. La pompe est mécanique, la citerne exposée au soleil parfois brûlant. Des camions ouvrent le bec, soit pour refroidir, soit pour quelques réparations (les véhicules arrêtés ont souvent le capot ouvert…)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous arrivons à une chaîne de montagnes, mélange de gris, aucun arbre à l’horizon, que de la prairie. Des chevaux se désaltèrent et pataugent au bord d’un petit lac. Nous rencontrons pour la première fois un couple de grues, oiseau fidèle. Nous les verrons tout au long de notre voyage, avec en prime des petits vers la fin. Vers 16 heures nous nous arrêtons pour le repas, rapide, au pied de rochers. Quelques arbres poussent au pied d’une source, filet d’eau bon pour les problèmes d’estomac. Des écharpes bleues sont accrochées sur un arbre, mélange de chamanisme et de bouddhisme, prière et remerciement pour cette eau bienfaisante.

 

 

 

Nous quittons les montagnes pour pénétrer réellement dans le Gobi et ses immensités. Nous croisons les premiers chameaux.

 

 

 

 

Nous reprenons notre route et tombons sur un regroupement de chevaux, de cavaliers et de motos au milieu de nulle part. C’est un petit naadam local. Nous nous mélangeons à la foule, et aux chevaux (ils sont assez petits dans l’ensemble), admirons les gens en costume traditionnel avec une majorité d’hommes, le très jeune age de certains cavaliers, les selles mongoles en bois, les motos dont la selle est couverte d’un tapis, supportant parfois 4 personnes… Il y a plus de chevaux que d’hommes. Nous assistons à l’arrivée de la course des chevaux de 2 ans, montés par de jeunes enfants (les plus petits ont environs 5 ans) sans chaussures pour encore alléger la monture.  Fred trouve un bel étudiant en costume qui parle anglais. Il propose à Gaby une petite ballade sur son cheval, qu’il mène à la main. Gaby est aux anges.


On fait quelques photos, de gens qui acceptent ou demandent en voyant l’appareil.                                   

Un grand-père  nous demande de lui envoyer les photos, et quand on lui demande où, il répond : ici ! Au milieu de nulle part ? Pour finir on nous donne une adresse, sans doute une boite postale dans la ville la plus proche. C’est l’occasion d’un attroupement autour de la moto qui sert d’écritoire.

 

Les pistes se croisent, s’entrecoupent, on est épaté par la capacité d’orientation de notre guide. Régulièrement nous croisons des cavaliers solitaires toujours au pas de course sur leur monture. Ils surveillent leurs troupeaux de loin en loin. Nous poursuivons jusque dans une large vallée entourée de rochers, avec au loin quelques minuscules gers. Nous déballons la voiture, plantons les tentes et faisons à manger. Nous n’avons fait que 250 Km en 6h de route chaotique. Soudain, un cavalier et deux cavalières apparaissent de derrière les rochers. Ils s’installent à coté de nous. Pour que les chevaux ne s’échappent pas, ils attachent les pattes avant d’un des chevaux, les autres restent à côté. Fred leur propose du café puis une jeep nous rejoint. A croire qu’ils se sont donnés rendez vous ! Il s’agit cette fois des gardes du parc national dans lequel nous sommes qui viennent réclamer la taxe. Ils nous ont vu passer dans la vallée et on repéré notre campement à la jumelle. Ils visitent ainsi tous les gens qui s’installent pour la nuit. Les filles proposent une ballade à cheval à Gaby qui part avec le cheval du cavalier. Les hommes partagent la vodka, les cigarettes. Le garde du parc n’accepte de boire que quand l’heure officielle de fin de journée est dépassée. Il propose que nous allions goûter chez lui des mets locaux, mais au crépuscule, vers 10h, les filles ne sont toujours pas rentrées. La jeep part à leur recherche, mais fait demi tour presque immédiatement. Les filles apparaissent de derrière les rochers, au galop. Gaby est radieuse. Elles ont visité une grotte à tâtons car elles n’avaient pas de lumière et sont allées jusqu’à un vieux monastère en ruine. Il est trop tard pour aller chez le garde, Annie s’est couchée et la soirée se poursuit dans l’obscurité. Les filles et le collègue du garde jouent avec des cailloux. 20 cailloux en tout, 5 chacun. Le but du jeu consiste à ne prendre que quelques cailloux dans sa main fermée et de parier combien il y en a en tout dans les 4 mains. Celui qui a la bonne réponse récupère les cailloux misés et le jeu se poursuit jusqu’à ce que tous les cailloux soient récupérés par une seule personne, Gaby en l’occurrence. A la fin de la partie chacun s’en retourne de son coté dans la nuit. Plus tard, un fort vent se lève, l’air fraîchit et la pluie teste l’étanchéité du matériel. Au matin pas de problème, sauf  pour Fred, trop grand pour la tente et que la toile battue par le vent lui frappait la tête. Il dormira au milieu la prochaine fois!

 

 

 

Mardi 29 juillet : Baga Gazryn Chuluu -> Tsagaan Suvarga

 

Mejet change une roue qui paraît bien dégonflée pendant que nous déjeunons. Les tentes ont séché. Le ciel est nuageux, le vent froid. Nous partons sur les traces de la ballade de Gaby, arrivons à un parking désert matérialisé par un panneau et quelques pierres au sol, visitons le vieux monastère et la grotte. Elle avait fait une sacrée ballade. Du haut de la colline rocheuse adossée aux ruines, nous nous grisons de la plénitude engendrée par ces grands espaces, sensation de liberté. Puis nous poursuivons vers le sud.

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

11h 45, nous faisons halte à Mandalgov. Mejet fait réparer la roue pendant que nous visitons le musée. Le musée est en lui même un musée, vieux, fatigué, un peu désuet. La lumière est allumée au fur et à mesure de notre évolution, parfois il n’y a plus de lampe. Nous verrons les animaux empaillés dans l’obscurité. Il n’y a pas grand chose à voir, des gers miniatures, quelques bouddhas, des fossiles de poissons quand la mer recouvrait le Gobi, des flèches de silex puis de bronze, des boucles et bijoux en argent… A la sortie, Mejet nous explique que l’eau du Gobi est encore salée. Nous ne nous en rendons pas réellement compte, ne buvant que de l’eau en bouteille. Nous mangeons dans un restaurant une sorte de macédoine de petits légumes, avec de viande de mouton, accompagné d’un thé au lait, boisson traditionnelle dans toute la Mongolie. Il est fait de thé, coupé avec environ 20% de lait. Il est parfois salé soit naturellement soit par ajout de sel. C’est étrange mais loin d’être mauvais.

 

 

Nous sommes maintenant dans le sud Gobi, avec des changements progressifs de paysage, à la fois imperceptibles et rapides, au passage de collines ou d’une ligne étroite de quelques montagnes rocheuses et nues. Immenses pleines parsemées de quelques herbes rares et rases ou touffes plus hautes sèches et jaunes.

                                       

C’est un dédale de pistes, on ne sait pas comment Mejet fait pour se repérer dans l’uniformité du paysage, il en quitte une, traverse un no man’s land, en reprend une autre, change de direction. Au bout d’un temps il nous dit s’être perdu et ne plus retrouver sa route mais il sait que nous sommes à une centaine de kilomètres de notre point d’arrivée. Nous sommes sur un immense plateau avec quelques collines toutes identiques au loin, écrasés par une couche nuageuse basse totalement parallèle au paysage. Il pleut par intermittence et Mejet met une heure avant de demander son chemin à plusieurs nomades qui ne savent pas le renseigner. Il finit par trouver notre route au bout de 2 heures, ouf !! On passe le temps en faisant un jeu de devinettes. Une personne choisi un mot et en donne la première lettre, les autres tentent de le trouver en posant une question (ex : pour le mot chèvre. Commence par C. Question : est-ce un animal ? ) la réponse à la question commence par non ce n’est pas … et doit terminer par un nom d’animal commencant par un C (ex : non ce n’est pas un crapaud) Ainsi de suite jusqu’à ce que la personne soit coincée dans ses réponses et dévoile la deuxième lettre du mot. Ça nous a bien occupés. Pendant le jeu, nous observons le paysage, et Mejet nous épate par ses capacités visuelles. Il est toujours le premier à distinguer les animaux. Dans nos haltes, nous voyons de drôles de petits lézards, couleur terre, très bien camouflés, hauts sur pattes et très rapides quand ils détalent. Il y a aussi des sortes de très gros grillons (sauterelles sans ailes) avec une grande épée au derrière.

                                       

On roule des kilomètres sans voir âme qui vive, puis nous trouvons un puit, trou dans lequel on puisse l’eau dans un seau fait de chambres à air cousues. Les abreuvoirs pour les animaux sont des morceaux de pneus de camion. Les habitations paraissent loin, mais toutes à portée du puit. Que peuvent bien manger les animaux ? La végétation est si rare et si rase. Soudain apparaissent quelques arbres  au milieu de cette désolation. Ils sont dans le lit d’une rivière à sec.

             

Le mauvais temps nous quitte et nous décidons de passer notre nuit en camp pour touristes, à 4 dans le gers. Les gers sont bien alignés et le camp délimité par des cailloux. C’est marrant ce besoin de l’homme de délimiter sa propriété alors que tout est désert alentour. Cette parcelle au milieu de nulle part est louée pour 99 ans. L’intérieur du gers est très grand, beau avec tout ses bois qui se rassemblent autour du chapeau du toit. Le sol est couvert de tapis ainsi que les « murs », composés de treillis de bois et de feutre de laine, le tout recouvert de feutre de laine et d’une toile épaisse maintenue par des cordes. Celui-ci est aménagé pour le touriste : 4 lits, une table basse, quelques tabourets et une commode. Tout est très décoré de couleurs vives aux motifs réguliers. Il y a panne de douche et le groupe électrogène ne fonctionne pas. Il est finalement réparé et nous avons une lumière blafarde. Les toilettes se trouvent derrière une porte vitrée… Ce n’est pas à proprement parlé ce que nous attendions du dépaysement et du contact avec la population locale.

  

 

 

 

Mejet répare la voiture, il n’y a plus d’huile dans le cardan de direction. Pour nos voisins, chrétiens, ce sera soirée chants religieux accompagnés de la guitare. La nuit est traversée des zébrures des éclairs, l’orage gronde au loin. Nuit réparatrice entre deux couches de feutre de laine de mouton. La couette est légère et chaude.

 

Mercredi 30 juin : Tsagaan Suvarga -> Yolin Am

Réveil échelonné. Le ciel est bleu pale, l’air très frais, limite froid. De la porte on voit l’immensité qui inspire paix et calme. Au petit déjeuner on nous propose du riz au lait. Le coût de cette nuit est très élevé par rapport aux jours suivants : 8 000 Tugrik par personne (soit pas tout à fait 8 dollars).

 

Route dans le désert vers le sud, toujours identique, mais toujours différent par sa végétation, par les couleurs et par d’infimes détails. Nous faisons halte dans des collines de terre, ravinées par les eaux des pluies, et explorons à la lampe torche un trou que nous traversons en rampant. Une torche pour 4, c’est peu dans ce boyau étroit ! Le paysage alentour est lunaire, travaillé par l’eau aujourd’hui totalement inexistante. Aucune végétation.

 

 

 

 

Bien plus loin, nous attaquons de véritables montagnes russes avec la jeep. C’est impressionnant, mais très amusant. La voiture penche parfois tellement que je crains qu’elle ne verse. Nous débouchons en haut d’une grande falaise totalement érodée et ravinée par les eaux, comme les canyons. Les couleurs sont magiques, allant du blanc au rouge en passant par les gris et les  roses, parfois rehaussés par un semblant de végétation.

 

 

Nous reprenons la piste et au gré des kilomètres, les immensités font place aux immensités. Les troupeaux de chameaux apportent  un peu de vie. Brutal changement de couleur et de végétation au détour d’une colline. Quelques arbres apparaissent au milieu du désert.  De partout nous croisons des squelettes en tout genre plus ou moins avancés dans leur état de décomposition.

 

 

 

 

 

Le vent est fort et la route défoncée par les pluies de la veille. La saison des vents est normalement terminée, et Mejet nous dit que ce n’est rien comparé au printemps. Gaby joue au cerf volant avec sa laine polaire. A midi, nous nous posons près d’une belle bergerie en pierres et bois.

 

 

Ce dernier vient de loin, car ici, il est inexistant. Nous repartons dans la platitude sans fin, nous perdons la notion des distances et des volumes. Tout paraît minuscule et éloigné dans ces immensités. Les mirages d’eau se succèdent, les montagnes lointaines s’y reflètent, ou flottent, détachées de la terre. Le ciel se couvre.  

 

La bourgade de Dalanzadgad est à portée de vue et nous réveillons en sursaut un militaire qui nous courre après pour nous détourner de la route principale où à lieu un exercice de tir. C’est une ville de gers, tous palissés de hautes barrières de bois. On ne voit que leurs toits ronds dépasser. Quelques bâtiments insalubres dans le centre ville. Là nous faisons un peu de shopping dans des magasins vétustes, qui n’ont pas de devanture. On ne sait pas en entrant ce qu’on trouvera derrière. Les supermarchés, petits, contiennent plus de pièces de voiture et de produits d’entretient et de toilette que de nourriture. On trouve de la farine importée de Chine, du riz, des biscuits, quelques boites de conserve… Il n’y a pas de légumes, mais ont peu acheter un joint de culasse, des boulons, une boite de vitesse... Ici, les gens vivent énormément en autarcie et ne s’approvisionne que de riz, de farine et de thé. Dehors, sur la place du marché, les hommes jouent à leur sport national : le billard. Mejet fait ensuite halte devant une battisse, un garage, pour faire ressouder une barre de la galerie. Il laisse sur le toit, tout près du travail, les 2 bidons de 20l d’essence ! Nous n’avons pas les mêmes notions de sécurité ! Nous refaisons le plein et repartons dans le vent. 

 

 

 

Nous sommes cuits par le vent et le soleil, fatigués nous arrivons enfin au bout de cette immense pleine plate, qui fait immédiatement place à une chaîne de montages. Nous sommes aux portes du parc de Yolyn Am. Quand nous sortons de la voiture, nous sommes assaillis par des senteurs d’herbes. On peut reconnaître le serpolet avec ses minuscules fleurs bleues, peut être du lavandin et bien d’autres que nous ne connaissons pas. Le touriste camp est complet et c’est tant mieux.

Comme tout est occupé alentour, le surveillant du parc que connaît Mejet, nous prête son gers. Fred et Gay partent pour une heure de ballade à cheval, et j’ai le malheur de dire que Fred n’a pas l’habitude de monter. Ils font alors toute la ballade au pas, le cheval de Fred tenu par leur accompagnateur flanc contre flanc. Puis nous faisons un tour dans les gers magasins de souvenirs, pour commencer nos emplettes : un manteau d’été pour Anne, des chaussons de feutre de laine et un chapeau en poils de chameau pour Gaby, un chapeau pour la collection de Laurent, et une casquette de feutre pour Fred avec rabat pour les oreilles, ainsi qu’une peinture, les articles sont confectionnés par les familles avoisinantes dont nos hôtes.      

      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On peut voir la surprise de la maîtresse de maison quand elle rentre, tard,  et que nous sommes installés chez elle. Elle n’était pas au courant… Mais elle nous accueille gentiment et nous assistons à la cuisson du lait pour faire du yogourt et du thé, sur le petit poêle qui trône au centre de la pièce, alimenté par les crottes séchées des animaux. La chaleur du gers augmente instantanément, nous protégeant du froid de la nuit qui s’installe. Nos hôtes  vont dormir chez les voisins.

 

La nuit est claire, étoilée et froide. Soudains nous sommes réveillés par 2 motos qui pétaradent chevauchées par 4 hommes dont l’ombre des grands manteaux se dessine sur le pas de la porte. Ils rendent une visite nocturne à leurs voisins et sont bien surpris d’être accueillis en anglais. Ils vont voir à coté et nous entendons leurs éclats de rire.

 

 

 

 

Jeudi 1 juillet : Yolin Am -> Bayan Zag

           

 

8h, réveil par les habitants du gers, venus chauffer le lait de la traite du matin. La nuitée nous coûtera ici 3000 Tugriks (soit environ 3 dollars par personne). Notre hôte nous accompagne pour nous conduire sur un site normalement interdit au publique. Nous suivons une piste difficile et parfois raide, nécessitant toutes les options de puissance de la voiture, pour traverser les collines. En route nous croisons un campement d’où des enfants nous rejoignent en courant. Ils ne demandent qu’à nous rencontrer et ils nous autorisent à les prendre en photo.

  

 

 

 

 

Puis nous débouchons dans une gorge qui s’enfonce au coeur de deux parois rocheuses escarpées.  Au fond de cette gorge serrée, nous découvrons une cascade de glace qui se termine en langue au fond de la gorge. Elle voit si peu le soleil qu’elle ne fond que parfois fin août pour très vite se reformer. Nos accompagnateurs scrutent du regard les parois à la recherche de bouquetins. On se contentera d’une multitude de petits rongeurs (Fred pense que ce sont des chiens de prairie),  faciles à observer et de grands rapaces, aigles ou vautours. Un vent glacial balaye le passage. Un peu plus haut, sur la plate forme d’où démarre la cascade, la végétation baignée de soleil reprend ses droits. Petit moment de calme et d’admiration, puis retour au camp.

 

 

 

 

Nous déposons notre guide temporaire, et entrons officiellement dans le parc national. Au bout de la piste un parking déjà bien chargé de véhicules, et d’une petite foule de touristes de toute nationalité, dont un groupe d’officiels coréens (ambassadeur ?), avec qui j’ai une petite conversation en coréen, c’est rigolo. On abandonne Mejet qui connaît bien la région, et nous partons à pied dans une vallée de plus en plus encaissée. Après une heure de marche au milieu des « chiens de prairie », survolés par les gros rapaces, à la recherche d’un improbable bouquetin, nous nous retrouvons de nouveau devant des glaces éternelles. Paysage abrupt, prairies accrochées en équilibre sur les falaises. Progressivement la foule contentée d’être arrivée au but s’estompe alors que nous poursuivons notre progression un peu plus difficile pour contourner la langue de glace. Annie nous abandonne en route, nous la rejoindrons au retour.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A midi, nous nous éloignons du parking pour un peu de solitude et de communion avec Dame nature. La chaleur du soleil s’estompe sous le souffle frais du vent, mais poursuit son travail invisible de brûlure de la peau. Vers 15h, nous retournons dans le désert, cette fois ci direction nord ouest. Un bruit bizarre oblige Mejet à s’arrêter… rien de grave… c’est tant mieux car là on est loin de tout…

 

 

 

Après 2h de route dans une platitude ininterrompue et parsemée de mirages d’eau, apparaît un paysage dans les tons de rose rouge, torturé. Ce sont les canyons de Bayan Zag, façonnés par le vent et la pluie. On y trouve des fossiles de dinosaure dont des œufs. La chaleur est torride et le vent s’est calmé. La luminosité est extraordinaire et presque insupportable sans lunettes. Le sol est si sec que les anciennes flaques se sont transformées en poteries cassées. Nous explorons cet univers friable.

 

Fred y fait la découverte d’une énorme vertèbre de dinosaure (en fait un gros caillou de forme très spéciale qu’il photographie sous toutes les coutures pour preuve), et Gaby et moi récoltons de petites pierres de toutes les couleurs, beaucoup de tons de vert et de violet, alors que tout le paysage paraît rouge. Nous faisons connaissance avec de jolis petits lézards hauts sur pattes.

 

                                             

 

 

 

 

 

 

 

Plus loin, nous faisons halte dans un minuscule camp de touristes, sous un gers qui nous isolera de la chaleur, ses pans relevés pour améliorer l’aération, pas très loin d’un très gros camp qui va nous casser les oreilles toute la nuit avec son groupe électrogène qu’aucun relief ne peut atténuer. Le bas des gers est remonté pour laisser passer l’air à l’intérieur. Sur la coupole, du fromage sèche. Un peu plus loin, des chameaux se désaltèrent autour du puit. Un enfant conduit son chameau chargé de 2 grosses berthes pour approvisionner sa famille en eau. .  Mejet y lave sa voiture…pendant que nous nous prenons notre première douche sous un filet d’eau. Deux bidons sont installés sur le toit de la « salle de bain » très colorée et sont régulièrement réapprovisionnés. Ça fait un bien fou.

  

 

 

A proximité du camp, sur une butte de sable blond, une forêt de saxauls, petits arbres rabougris aux formes psychédéliques. Nous nous y promenons, contemplatifs, devant cette nature si belle. Au retour de notre ballade, nous nous rapprochons d’un camp de nomades, qui nous interpellent et nous accueillent pour discuter. Notre langage commun se résumant à quelques mots, et beaucoup de geste, nous discutons plus avec leurs hôtes. Nous assistons à la traite des chamelles. Les petits sont attachés de façon à ne pas pouvoir téter, et sont détachés un par un. Le petit ainsi libéré se précipite sous sa mère, stimule la montée de lait et retiré de sous sa mère mais maintenu tout proche pour permettre la traite. C’est un concert d’appel, le chant presque plaintif des mères et des petits, un peu comme celui des baleines. Les petits seront de nouveau attachés le matin et attendront patiemment le retour de leurs mères cherchées de quoi s’alimenter. La nuit est douce, presque chaude, sous un ciel parsemé d’étoiles. Plus tard, une petite pluie s’accompagne d’un fort vent.

 

Vendredi 2 juillet : Bayan Zag -> Khongoryn els

 

Réveil 8h 30 avec un vent chaud. Nous déjeunons de petits gâteaux, et de fromage sec de chamelle très acidulé faits maison. Nos hotes nous accueillent chez eux… en fait il ne faut pas attendre qu’ils nous invitent, mais il faut de soi même entrer pour être accueillis. On ne frappe pas, mais normalement on dit « attachez les chiens ». Nous faisons connaissance avec la famille et le bébé de 1 mois. Ici pas d’accoucheuses, la femme se débrouille seule. Pas de couche, bébé est cul nu toute la journée, et dès que possible, avant même qu’il ne sache marcher, on lui apprend la propreté ! Il n’a qu’à montrer la porte pour passer quelques minutes dehors et faire ses besoins…sinon fessée…la leçon est vite apprise… Puis nous reprenons notre route, plein ouest, dans la platitude sous un ciel qui se charge et s’obscurcit comme du brouillard. Nous repérons un troupeau de gazelles que Mejet poursuit hors piste à plus de 60km/h pour que nous les voyons de près. Course folle dans une végétation rare, parsemée de petits buissons, brutalement stoppée par un freinage d’urgence au passage des ornières d’une nouvelle piste. On a perdu, mais on les a bien vues, élégantes, rapides et légères. Nous en verrons beaucoup et nous reprenons la piste que nous avons perdue.

  

 

 

Puis nous reprenons notre route, plein ouest, dans la platitude sous un ciel qui se charge et s’obscurcit comme du brouillard. Nous repérons un troupeau de gazelles que Mejet poursuit hors piste à plus de 60km/h pour que nous les voyons de près. Course folle dans une végétation rare, parsemée de petits buissons, brutalement stoppée par un freinage d’urgence au passage des ornières d’une nouvelle piste. On a perdu, mais on les a bien vues, élégantes, rapides et légères. Nous en verrons beaucoup et nous reprenons la piste que nous avons perdue.

 

Le vent devient violent, les couleurs et le paysage s’estompent par les poussières de  sable qui cinglent les jambes à chaque pause, qui pénètre de partout et qui finit de déshydrater nos lèvres déjà bien entamées. On joue au jeu des devinettes pour passer le temps et Gaby nous fait trouver le mot eau minérale, en nous répondant oui aux questions : Est-ce naturel ? est-ce de la matière minérale ? … On mettra un certain temps pour trouver la réponse… Elle est encore petite notre grande ! A midi, impossible de s’arrêter pour manger, alors on poursuit jusqu'à une barre de montagnes que nous traversons. Au détour d’un virage, on surprend des vautours affairés sur une charogne d’Ibex. Ayant pratiquement terminé leur besogne, ils ne se laissent pas approcher et s’enfuient d’un envol majestueux. On entend le bruit du vent dans leurs ailes. Gaby ramasse quelques plumes et nous tentons de capturer quelques images. Le vent est ici atténué mais la pluie nous oblige à continuer.

 

 

 

 

De l’autre côté des montagnes, nouveau grand plateau aride, puis nous apercevons à l’horizon une mer de nuages, qui progressivement prend la forme d’une immense colonne de dunes de sable très clair, presque blanc.

 

Nous faisons halte vers 14h30 dans un guest gers, (nomades qui louent un de leur gers et se tassent dans le ou les autres).Nous sommes accueillis avec le thé au lait de chamelle, et les petits gâteaux (sorte de beignets non sucrés). Nous pique niquons à l’intérieur à l’abri du vent et à l’ombre.

 

Epuisés par ce vent qui nous déshydrate, c’est l’occasion d’une sieste réparatrice.

Dehors, un Gers démonté attend bien rangé quelques points de couture dans sa toile déchirée pour ensuite être prêté a un  grand camp de touristes du voisinage qui doit recevoir demain un groupe de 100 personnes ! Nos hôtes se tasseront dont dans un minuscule gers pour la nuit.

 

 

 

Avec Gaby, nous rejoignons la mère partie chercher laver son linge et chercher de l’eau au marais. Je l’aide à ramener les grosses berthes, et Gaby donne la main à la petite de 3 ou 4 ans. C’est l’occasion des présentations, mais je n’ai pas noté de suite les noms et ne m’en souviens plus. De retour au camp,

Gaby offre un cahier et des crayons à la petite et lui fait un dessin de cheval. Elles se sont installées sur le sol, et la petite n’est plus intimidée.

 

 

 

 

 

Vers 17h, malgré le vent toujours violent, nous partons pour une rando de 2h à chameau, au pied des dunes et du marais qui les longent. Le sable se soulève des crêtes et nous fouette, mais nous prenons plaisir à braver les éléments en nous prenant un peu pour Lawrence d’Arabie.(PH 36,37)  Nos deux guides, les enfants de la famille finissent à pied, ils en ont marre, sur leur chameau depuis le matin. Au retour, Mejet nous a préparé à manger (pâtes, champignons et goulache en boite). Le soir, après la traite des chamelles, j’offre un blouson chaud pour l’hiver à la petite (don de mes voisins coréens), mais comme j’ai plusieurs tailles, je demande à lui essayer. Elle ne veut plus le quitter malgré la chaleur. Pendant la nuit, le vent se calme.

 

 

Samedi 3 juillet : Khongoryn els -> “ on the way”

 

Levé 8h avec un ciel limpide. De la porte la vue sur la dune lumineuse est magnifique, avec devant les petits chameaux qui attendent patiemment. Fred est déjà dehors, accompagné de la petite toujours vêtue de son anorak, à ramasser des graines sur les buissons et en remplir une bouteille le plastique et des jouets. A coté on entend de la musique. Harmonica ? Non, c’est le père qui joue de l’accordéon. C’est beau. On s’installe tous sous le petit gers pour l’écouter. Gaby voudrait jouer, mais les touches ne sont pas rangées dans le même ordre que sur le sien. Elle abdique. Nous donnons à la petite une langue de belle mère. On lui montre comment s’en servir, mais elle part avec et fait semblant de souffler dedans en produisant un bruits imitant le sifflet. Après le petit déjeuner, mi mongol (thé au lait de chamelle et biscuits), mi européen (thé et pain et confiture), la petite revient fièrement en jouant allégrement de son nouvel instrument. Elle vient nous chercher et rit aux éclats en essayant de nous toucher avec le bout déroulé de son jeu. Vers 10h30, au moment du départ, Gaby a disparu. Elle joue avec la petite, camouflée  sous une pile de vêtements et de couvertures. La petite ne veut plus la laisser partir.

                          

Nous quittons cette charmante famille, pour nous rendre dans les dunes, inondées d’un chaud soleil. Un vent léger et frais atténue la morsure du soleil. En traversant le marais, au pied des dunes, Gaby s’est approvisionnée de feuilles d’iris bleus, très solides, avec lesquelles elle confectionne un petit panier. Le sol est clairsemé de jolies fleures. Des chevaux paissent paisiblement en bas. Les contrastes de couleur entre le marais, bien vert, parcouru de taches et lignes bleues dessinées par l’eau, les dunes presque blanches et de l’autre coté le désert plus sombre est saisissant. Paysage grandiose, silence et plénitude. Fred me serre dans ses bras. Quel bonheur. Il oublie progressivement la fatigue et le stress de Séoul.

 On observe les coulées de sable que nous détachons des crêtes lors de notre progression. Les dunes s’étendent sur près de 100 km de long et 4 km de large. Nous faisons peur à Gaby qui veut glisser le long des pentes en lui disant qu’il y a des sables mouvants au fond. Elle n’ose plus avancer. On la rassure et elle reprend doucement confiance en tâtant le sol devant elle…(voir pour panoramique)

 

 

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

             

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des chevaux paissent paisiblement en bas. Les contrastes de couleur entre le marais, bien vert, parcouru de taches et lignes bleues dessinées par l’eau, les dunes presque blanches et de l’autre coté le désert plus sombre est saisissant. Paysage grandiose, silence et plénitude. Fred me serre dans ses bras. Quel bonheur. Il oublie progressivement la fatigue et le stress de Séoul.

     Vers 12h30, nous faisons route vers le nord à travers le désert.  Derrière un buisson, on déloge 3 sortes de gazelles, mais Mejet nous dit que ce n’en sont pas car elles ont la queue noire. Les camps de nomades s’estompent. Nous mangeons à l’abri du vent et de la morsure du soleil, sous des arbustes logés au creux d’une vallée. Nous atteignons ainsi de plus hautes montagnes. Mejet nous conduit au sommet d’une colline d’où nous découvrons une vue magnifique. C’est une successions de collines semi-arides, de pics abruptes, de vallée encaissées et dans le lointain, une nouvelle plaine immense.

 

 

 

 

Mejet semble avoir vu une marmotte et réclame les jumelles. Il nous dit : « c’est un loup !» On le cherche en vain. Mejet quitte la route à sa recherche, klaxonne pour essayer de le mettre en fuite… déception.

 

 

Après avoir traversé les profondes vallées, nous retrouvons la platitude. Le ciel s’assombrit et devient menaçant au moment où Mejet nous demande de chercher un endroit où planter la tente. On lui propose de chercher un guest gers, mais il n’y en a pas dans le coin, alors Mejet demande à plusieurs nomades s’ils peuvent nous accueillir, mais 5 personnes de plus à loger, c'est pas rien quand les familles sont déjà nombreuses ! On est finalement accueillis par trois familles, au bord d’un marais en partie cultivé (ce sont les premières cultures que nous verrons) dont un couple sans enfant qui vit seul dans son gers et nous propose de nous laisser leur habitation. Sitôt entrés, une violente averse s’abat sur nous. Tsermaa, douce, belle et apaisante, nous offre du fromage hyper acide et du thé au lait de brebis, délicieux. Gaby met quelques temps avant d’arriver à entrer en contact avec les 4 enfants d’un gers voisin (Munkazul, fille de13 ans, Bat-Erdene, garçon de 15 ans, Lkagbadulam, fille de 16 ans et Muntkhtsetseg, petite de 5 ans). Comme elle joue toujours à faire ses paniers avec sa provision de feuilles d’iris, elle en propose aux enfants e les voilà tous à faire des scoubidous. Fred discute dans un autre gers avec Bayambasuren, magnifique dans son grand manteau bleu, et les autres hommes de la famille. Le grand père est buriné, avec un regard bleu perçant. Nous ne verrons pas d’autres yeux bleus. Fred sort l’appareil photo pour prendre le paysage un fois la pluie calmée et tous demandent à poser et qu’on leur envoie les photos. Nous avons l’adresse et ce sera chose faite. Puis c’est la séance projection sur le minuscule écran du numérique, moment magique et éclats de rire, tous tassés autour de Fred. La pluie a cessé et fait place à un ciel sombre, traversé d’un splendide arc en ciel. Mélange de couleurs et de luminosité, les rideaux de pluie s’éloignent. 

 

Devant les gers, des chevaux attendent patiemment, scellés, qu’on ai besoin d’eux. Soudain, nous voyons sortir en trombe Bat-Erdene, sauter sur sa monture et partir au grand galop vers la partie mal fermée du jardin, les chèvres étant en train de grignoter les patates.

 

 

 

Fred apprend que les cultures entreprises dans les marais font suite à un don de semences d’une ONG. Les nomades ont essuyé 2 années de sècheresse consécutives tuant près de la moitié du cheptel. Il est vrai que nous avons été surpris depuis le début par le nombre de squelettes rencontrés tout au long de notre route. Ils se sont ensuite acheté des barrières pour protéger leur culture (mais pas assez pour en faire le tour complet), et 2 bêches, pour une coopérative de 21 familles. Ils ont eu pendant 2 jours des explications, et ont planté leur trésor, en ne respectant pas toujours les consignes, elles mêmes souvent incomplètes. Les nomades ne mangent pas de légumes et n’en ont jamais vu, sauf peut être les patates et les carottes. Maintenant que ça pousse, ils ne savent plus quoi faire. Les plants de patate grandissent mais si ça monte trop, il n’y aura plus de patate dessous, alors ils sont près à couper les feuilles… Que doit-on manger dans le haricot ? A quoi ça ressemble ? Ils ont goûté un radis, et ont trouvé ça mauvais, donc ils ont arraché la parcelle. Le bois n’existant pas ici, ils n’ont fait venir que de quoi faire leur barrière, mais que vont devenir les tomates sans tuteur ? Encore faut-il qu’elles aient le temps de pousser car elles ont été directement semées sur place et seules quelques unes encore minuscules sont sorties. Il n’y a ni arrosoir, ni outil pour entretenir tout ça … Un véritable gâchis et un honte quand on voit le travail de titan que ça représente et l’espoir que ça nourrit. Ils veulent construire une école et continuer le nomadisme en hivers. Comment on mange tout ça ? Cru ? Cuit ? Le seul combustible est la crotte séchée, mais il faut les garder pour chauffer l’hivers, il n’y a pas de quoi faire des conserves. Ils veulent vendre ça à la ville à 60 km à cheval… imaginés l’état des tomates et des haricots sous la canicule à l’arrivée, et qui voudra de légumes inconnus ? Ils ont détourné une partie du petit  ruisseau qui alimente le marais, et ouvrent des diguettes pour arroser. Ils noient les carottes et les haricots qui pourrissent…J’ai honte de cette ONG.

 

 

  

Les enfants participent au début des explications puis les glissades dans les canaux dégénèrent en bataille d’eau. Ils courent au travers et sur les plantations et nous faisons intervenir Gaby pour les faire sortir. Ils en ressortent trempés, sauf Gaby, qu’ils n’ont pas osé arroser (alors qu’elle ne s’est pas privée).

Avec Fred, on passe la soirée et la matinée à compléter les conseils, à rassurer, à montrer, à dessiner les légumes, à donner des conseils de cuisson, à creuser des rigoles entre les rangs quand il y en a, pour ne pas noyer les plants…Je les ai prévenu,par l’intermédiaire de Mejet qui fait interprète, que la première année doit être une année d’essais et d’observations et qu’ils ne doivent pas se formaliser d’un résultat pas à la hauteur de leurs espérance, que l’an prochain, ils seront meilleurs et ainsi de suite. Une envie folle me vient de revenir les encadrer malgré mes petites connaissances mais j’oublie de demander le nom de l’ONG. La femme de Mejet leur a écrit … J’attend… Pendant ce temps, les enfants font une bataille d’eau, au début en courant au milieu des plantations… puis Gaby réussit à les faire jouer plus loin.

 

Puis nous assistons à la traite des juments sous le même principe que celui des chamelles. Nous mangeons une soupe de nouilles faites à la main, avec de la viande de chèvre séchée réhydratée lors de la cuisson. La viande a séché pendant les mois d’hiver, sur le toit du gers, et est stockée en grosses tranches épaisses dans des sacs de toile. Les enfants pilent la viande avec un énorme boulon, la déchiquettent dans leurs mains. Le tout est accompagné du thé au lait et du fromage. C’est délicieux.

 

Après manger, les filles jouent, les hommes partagent la vodka, et Annie et moi écrivons. Tsermaa est toujours affairée, mais je ne vois pas comment l’aider. Les deux filles veulent dormir dehors (faute de place ou par plaisir ?), et proposent à Gaby de les rejoindre. Au final, ce sont elles qui dorment avec nous. Veillée à la chandelle, coucher tardif.

 

 

Dimanche 4 juillet : “ on the way” -> Shargaljuut hot sprig

 

Réveil matinal pour moi, échelonné pour les autres. Par la porte, une vue paradisiaque. Il fait frais. Fred rejoint Tserendadga, un des hommes, qui a ouvert une digue pour inonder les haricots… Travail en commun pour creuser des sillons et protéger les plants de la noyade. Puis petit dèj, thé au lait, fromage, soupe de riz et viande séchée. C’est toujours aussi bon, mais monotone. C'est la base de leur alimentation. Puis échange d’adresses, remerciements et adieux. Sans Annie, je serais restée un ou deux jours de plus… J’ai de plus en plus envie de revenir. Annie me propose de monter ma propre ONG…

     

 

 

 

Nous repartons vers le nord avec une alternance de montagnes et de plateaux arides parsemés de cailloux.

. Quelques ruisseaux ou marais, petits oasis timides où se trouvent les gers. Nous rencontrons un nid de rapace, vautour semble-t-il, où la mère met en garde son petit par ces intrus qui s’approchent du nid. L’oisillon, de belle taille, fait le mort mais ne résiste pas à de petits mouvements quand on s’approche trop. Il a failli nous berner !

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A 13h, nous traversons une vraie rivière où les orpailleurs tentent de faire fortune. On les regarde travailler quelques instants : les hommes vont chercher le sable dans les filons à ciel ouvert et le ramène dans des sacs à la rivière, en moto ou en voiture. Là, les femmes le lavent sur ce qui ressemble à des tapis de sol pour voitures avec de petites cavité dans lequel l’or et le sable plus lourd restent. Ensuite, elles lavent le tapis dans une bassine qu’elles tournent pour ne récolter que l’or. On voit alors apparaître quelques minuscules poussières brillantes. Quel boulot ! Nous continuons un peu pour manger à l’écart sur les hauteurs. La route est de plus en plus chaotique. Malgré les secousses, Gaby tombe de sommeil. Fred m’entoure de son affection. Je suis heureuse.

 

Vers 18h, nous avons quitté le Gobi pour entrer dans les montagnes du Khangai. Les chameaux ont progressivement fait place aux yacks. La végétation, d’une vallée à l’autre devient plus haute ou plus verte. Nous terminons notre route aux sources d’eau chaudes de Shergaljuut. C’est au fond d’une vallée. Les Mongols y viennent pour faire des cures. Ce n’est pas très joli, avec les bâtiments vétustes et mal entretenus, un camp de touriste parqué derrière du fil de fer.

 

 

Nous voudrions camper un peu plus loin, un peu plus seuls, mais Mejet nous impose un emplacement, y accède en traversant une rivière. Nous montons les tentes, faisons la lessive en prenant garde de ne pas souiller la rivière et faisons sécher le tout sur les touffes de jeunes iris dont les grandes feuilles isolent les vêtements du sol crotté. Le vent forci, les nuages s’assombrissent. Nous nous hâtons de préparer le repas, le réchaud à essence (directement siphonné dans le réservoir de la voiture) protégé du vent derrière les bidons d’eau. Mejet lave sa voiture et nous commençons à manger sans lui en espérant finir avant l’orage. Nous entassons en catastrophe les bagages éparpillés dehors, les tentes sont trop petites pour les contenir, et nous abritons juste à temps dans la voiture. Gaby lit, Fred suit sur son épaule, Mejet tue le temps après son repas avalé en quatrième vitesse, Annie et moi mettons notre journal à jour. Vers 9h30, l’orage est passé, et nous ressortons dans l’air très frais et vivifiant. Gaby et Annie vont se coucher, Mejet essaye de joindre sa femme à la station thermale, Fred et moi chaussons les chaussures de marche pour explorer les environs. Cette nuit sera froide et humide, seuls Gaby et Mejet n’auront pas froid.

 

 

Lundi 5 juillet : Aux sources d’eau chaudes.

 

 

Réveil 9h30 sous un franc soleil et un ciel bleu Mongol. Nous prenons le temps de paresser en observant le vol des rapaces et des grosses sauterelles. Puis nous faisons la queue pour prendre notre deuxième et dernière douche avant Oulan Bator. Elles sont naturellement alimentées de l’eau chaude et sulfureuse des sources. Ça fait un bien fou, malgré la petite colère de Fred, furieux de s’être fait doubler après une bonne demie heure d ‘attente. Détendus, nous faisons quelques courses (le choix est vite fait, il n’y a presque rien), et nous commandons un repas local.

 

Pendant sa préparation, Mejet nous fait la visite guidée des sources, toutes situées dans un petit périmètre et qui ont chacune leur vertu : bon pour les yeux, pour les sinus, pour les rhumatismes (ça, c’est pour mon cou toujours douloureux), pour le foi, pour les reins, pour les hommes (elle sort en faisant une petite giclette)… Chacune sort à une température différente, comprise entre 45 et 100 degrés pour la plus chaude qui sort à l’ébullition. Nous faisons halte à une grosse boite en bois en forme de maison, munie d’une planche de chaque côté pour s’asseoir, et de trous sur le toit, fermés par des capuchons de caoutchouc. Ici, ce sont des vertus pulmonaires. Il faut respirer la vapeur accumulée sous la caisse.

 

L’eau est utilisée en cataplasme, en gargarismes, ou en boisson. 12 gers de bois sont dispersés et équipés de baignoires, là où l’eau est tiède.

 

 

 

 

 

Sur le muret qui longe  rivière, les draps des hôtels sèchent.

 

 

Nous retournons au restau où Gaby et Annie font un Hors sac. Elles n’aiment pas la viande. Pour les autres, gros raviolis à la viande de mouton, délicieux et soupe de pâtes, légumes et viande.

 

 

 

Fred mitraille tout ce qui passe à sa portée, moto, chevaux…Puis retour aux tentes pour une courte sieste sous une chaleur de plomb, rapidement agrémentée d’un léger vent frais qui devient violent. L’air fraîchit subitement, le ciel s’assombrit et l’orage approche. Annie a eu trop froid cette nuit et décide de dormir au camp de touristes à 50m. Elle a juste le temps de tout plier pour partir avec les premières goûtes.

 

 

 

 

 

 

Nous patientons sous la tente la fin de l’orage, puis nous partons nous promener sous un soleil devenu piquant tout autant que les insectes agacés par l’orage. Nous grimpons les collines et prenons plaisir à observer les nombreux chiens de prairie, une marmotte et deux lapins  qui jouent à cache cache dans les rochers. Soudain, un roulement de tambours impressionnant s’amplifie. C’est un troupeau de yacks qui déboule au grand galop dans notre direction. Ils stoppent net en nous voyant et tournent tous la tête dans notre direction avec leurs grondements… Pas rassurant tout ça… Ils continuent à avancer doucement, puis changent de direction… Ouf ! Du haut des collines, c’est le silence, la vue est dégagée. On se croirait un peu dans les alpes ou sur le plateau d’Emparis. Je regrette quand même de ne pas être restée plus longtemps chez les nomades hier, ça valait bien plus le coup qu’aujourd’hui.

 

 

 

 

 

Le ciel s’assombrit de nouveau et l’orage gronde dans le lointain. Nous nous hâtons de faire à manger pendant que Mejet est de nouveau sous la voiture pour remplacer une goupille quelque part dans l’embrayage. Il se fera aider dans sa tache par Bilict, un grand copain, qui vient de s’installer à côté de nous avec Clém et Pat, deux français avec qui on sympathise. Nous discutons jusqu’à minuit passé, sous un magnifique ciel étoilé, limpide, dans un froid si vif qu’il nous décide à aller nous coucher.

 

 

Mardi 6 juillet : Shargaljuut hot sprig -> “ on the way”

 

Lever 9h30, visite de nos nouveaux voisins pendant le petit dèj. Les chauffeurs ont cette fois attaqué des réparations sur la voiture de Bilict… aussi une jeep Russe, mais plus vieille. Nous apprenons que nous suivons presque la même route pour rentrer à Oulan Bator, sauf que leur chauffeur a prévu de passer par la vielle route des montagnes (60km), alors que Mejet nous en prévoit 350 en contournant les montagnes… Il nous explique que les inondations de l’an dernier on défoncé la route et qu’il lui a fallu 12h la dernière fois qu’il l’a prise. Comme plus personne ne passe par là, il ne veut pas risquer un problème de voiture loin de tout. Nous finissons par partir vers 11h30, en reprenant dans l’autre sens le fond de la vallée, rencontrons de plus en plus de gers, puis une ligne électrique. Ce retour progressif à la civilisation ne nous réjouit pas… puis nous suivons par tronçons une route de terre en construction, croisons d’énormes camions d’un autre temps, chargés à bloc. Ce sont parfois des citadins qui viennent passer l’été à la campagne, et qui partent avec leur gers du temps de leur nomadisme. Record de vitesse, nous atteignons les 90 km/h ! Mais d’énormes trous nous font freiner d’urgence et il est parfois préférable de quitter la route pour préserver les essieux.

 

On traverse d’immenses vallées, quelques collines et derrière, toujours le même paysage, différent par ses couleurs, avec ou sans cailloux.

 

 

 

 

 

Pour le repas de midi, on s’arrête dans un gers restaurant, aligné avec bien d’autres sur le bord de la route. (PH 51) Il fait une chaleur terrible. Traditionnelles nouilles àla viande de mouton, agrémentées  pour le touriste de quelques légumes (patates et carottes). C’est toujours aussi bon.

 

 

La route se poursuit interminablement vers une ville improbable qui s’éloigne au fur et à mesure que Mejet nous annonce : Encore 100 km, et 100km plus loin, encore une heure, et une heure plus loin…Il finit par appuyer sur le champignon pour tenir sa parole… Les secousses redoublent, Fred se cogne la tête sur la barre de renfort du toit, tente de se protéger avec ma minerve en guise de chapeau… 

la route est hasardeuse, Certains préfèrent ne pas passer le pont… Mejet, lui n’a pas peur …

 

 

 

Malgré le retour à la civilisation, nous avons le plaisir de déranger un aigle, et continuons à croiser des cavaliers solitaires.

 

La ville d’Arvaykheer enfin atteinte, vers 17h30, nous nous hâtons de faire le marché qui ferme dans ½ heure : bottes Mongoles pour Gaby, couverture pour Annie qui a froid la nuit et de quoi manger pour le lendemain. Les fruits et légumes sont les bienvenus. Mejet nous a acheté de quoi faire un barbecue Mongole. Fred cherche en vain un manteau sympa à sa taille. Les échoppes sont en fait d’énormes conteners  bien alignés.  On croise les habituels joueurs de billard. Dehors, à l’entrée du marché des taxis attendent bien alignés les clients chargés. Il s’agit de motos plus ou moins vieilles et de nombreux side cars défoncés, d’un autre age. Quelques chevaux se baladent au milieu.

 

 

 

 

 

Sur le parking, les bus de la ville n’ont rien à envier aux side cars ! Un peu plus loin, les badauds regardent la police qui s’acharne à faire entrer un énorme monsieur, saoul, dans leur fourgon.

 

 

 

 

Nous poursuivons encore une heure notre route et nous arrêtons entre deux collines près d’une rivière à sec, mais à distance raisonnable de son lit en cas de pluie. Comme d’hab, nous déballons la voiture, puis Mejet nous fait ramasser des crottes de Yack (c’est mieux) ou autres comme combustible. Il allume tout ça à grand renfort d’essence, les orages des derniers jours les ayant un peu humidifiées. Il ramasse ensuite des petites pierres plates dans le lit de la rivière et les met à chauffer au centre du brasier.

 

 

 

Pendant ce temps, nous épluchons quelques carottes et patates, coupons le mouton en morceaux. Au fond d’une haute casserole, il met un peu d‘eau,  sel, poivre et un assaisonnement lyophilisé puis un oignon. Dessus, il met une couche de viande, une couche de pierres brûlantes, une couche de viande… puis les légumes, le couvercle et une grosse pierre pour maintenir le tout.

 

 

 

 

 

La viande grésille au contact des pierres. Il remet le tout sur le feu pendant ½ heure et complète en cuisant des nouilles. Dans un vrai barbecue Mongol, il n’y a pas de légumes. C’est un délice, sauf pour Annie qui ne mange pas de viande et Gaby qui n’aime pas trop le mouton. La viande a bon goût, mais elle a bien couru avant de se faire attraper et nos dents sont mises à contribution. Les Mongoles ont en règle générale une excellente dentition, on comprend pourquoi.

Cette nuit sera douce.

 

Mercredi 7 juillet : “ on the way”-> Orkhon Waterfall.

 

 

 

Lever matinal avec la chaleur, puis départ sur des routes moins fréquentées que la veille. Nous longeons une vaste plaine où nous assistons à la capture d’un yack au lasso, puis nous remontons dans les montagnes.

 

 

 

 

Des forêts de sapins apparaissent. La route devient franchement mauvaise avec plusieurs franchissements de vraies rivières. Nous finissons par atteindre des alpages couverts de fleurs. Nous nous attardons à faire l’inventaire de toutes ces fleurs colorées, dont beaucoup existent dans les alpes. Nous reconnaissons des campanules bleues, des edelweiss, des gentianes bleues, je ne me souviens plus du nom des ces marguerites violettes au cœur orange, le tabac, la sigüe…

 

 

 Rien à voir avec ce que nous avions pu voir jusqu’ici. Une profusion de couleurs et de vie… de mouches et d’énormes taons… A chaque remontée en voiture, nous commençons par chasser les indésirables insectes.

 

 

Arrivés au col, un magnifique Ovoo fait honneur à toute cette beauté. Nous descendons sur l’autre versant par une piste sinueuse et chaotique, à travers bois. Mejet fait de son mieux pour ménager mon cou complètement raide aujourd’hui…, mais rien à faire, on est secoués en tout sens. C’est assez drôle et enivrant, et ça fait penser à tous ces fans de quatre quatre. On se croirait sur la route de la soie ou la croisière jaune ! Puis subitement, nous débouchons sur une large vallée parsemée de roches volcaniques. Les arbres s’arrêtent au pied des collines et nous retrouvons nos étendues d’herbes rases où les fleures sont rares. Nous pique niquons au bord d’un ruisseau à l’ombre d’un arbre.

 

Une famille monte un gers qu’ils ont transporté sur des charrettes rudimentaire tirées par des vaches. Les meubles sont installés juste après le plancher car ils ne passent pas la porte.

       admirez la   roue en bois

 

 

 

 

 

 

 

Les gers deviennent de plus en plus nombreux. Nous faisons quelques courses dans une petite ville.

 

Des enfants sont venus chercher de l’eau avec une drôle de remorque. Tout ce qui est rond peut être transformé en roue.

 

 

 

 

 

Nous finissons notre route dans une vaste plaine parsemée de rochers, dans un guest gers. Un petit garçon (entre 1 et 2 ans) se promène cul nu, coiffé d’une queue de cheval portée haut sur la tête. Il est magnifique. Quelques arbustes poussent du côté des chutes que nous ne voyons pas d’ici.

Fred et Annie restent faire une sieste sur des lits en fer de l’armée Russe, dont le sommier est totalement défoncé et soutenu par une ou deux planches, sans quoi on a l’impression d’être dans un hamac.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gaby et moi faisons un tour au bord de la rivière voisine, espionnées à distance par une adolescente. Elle ne nous rejoindra pas malgré nos signes d’accueil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au retour, on observe une famille occupée à décharger un camion qui déborde de toiles de couvertures, de feutre, de mobilier, de planches, chiffons, vaisselle… C’est une famille qui s’installe ici pour l’été comme guest gers. Tout est jeté sans ménagement par dessus bord dans un fouillis innommable. Deux gers sont ainsi  près à être remontés. Je prends quelques photos sur demande d’un des hommes, occupé à installer et caller le plancher, pendant que les 3 femmes lavent tous les bois du gers (les 2 piliers centraux, le chapeau, les rayons  de la toiture et la porte. L’homme de tout à l’heure vient nous voir, tente de discuter… et pour plaisanter me fait signe d’aider au nettoyage.  Me voilà donc avec un chiffon à essuyer. 

Puis on me sert un bol d’airag (lait de jument fermenté). Ça a un goût de yaourt aigrelet et ça donne une douce sensation de chaleur. Faut-il tout boire ? Je passe le bol à ma voisine, qui le fait remplir, en boit un peu, ainsi de suite et le bol me revient. Nouvelle tournée… et le bol me revient. Je finis par le refuser et celui qui nous a servit boit le tout et s’en va.

 

 

 

Fred, Annie, rejoint par Clem et Pat (nos deux chauffeurs s’étaient donné rendez-vous) me sortent de mon travail et nous partons voir la chute d’eau. Il s’agit d’une faille entre 2 plaques tectoniques où la rivière saute une falaise de 40m. En haut, sur le plateau, les bords de la falaise sont découpés de grandes crevasses, étroites mais profondes, comme si des plaques allaient se détacher. Nous descendons par une de ces crevasses à l’étage inférieur où de grands arbres cherchent la lumière par delà les 40m. Ce sont les arbustes que nous voyons du gers… Les plus courageux se baignent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au retour, 3 cavaliers posent devant les chutes, nous proposent une balade payante que nous refusons. Ils nous accompagnent pour nous donner leur adresse, et finissent par prendre Gaby avec eux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Clem et Pat passeront la nuit avec nous et Mejet, à 20h, propose que les hommes aillent à la pêche et que les femmes préparent le repas… Je sauve la bouteille de pastis, mais pas la vodka. Ils reviennent en catastrophe à cause de l’orage, bredouilles mais pleins d’histoires. Le paysage devient grandiose sous le ciel d’orage.  Après le repas, nos guides nous font goûter de l’alcool de lait, distillé soit à partir de l’airag, soit à partir de vieux yaourt. Beurck… Ils ont bien bu et se retrouvent comme dans leur jeunesse. Les deux plus grands garçons de nos hôtes (autour de10 ans) initient Fred et Pat à la lutte. Soirée sympa.

 

 

 

 

 

Jeudi 8 juillet : Orkhon Waterfall -> Shankh

 

Lever 8h45 pour la ballade à cheval de Gaby prévue avec les cavaliers d’hier, mais à plus de 10h, toujours personne. Notre hôte prête alors son cheval sellé à Gaby et l’accompagne à cru sur une autre monture. Elle revient une heure plus tard, heureuse avec les jambes douloureuses. Sa selle lui faisant mal, elle a monté en suspension toute l’heure… Nous profitons de ce répit pour assister à la traite des yacks.

 

 

 

Avant de partir, séance photo puis j’ai donné des baudruches et des langues de belle-mère aux enfants bien plus ravis que leurs parents…

 

 

 

Les chauffeurs font la course et nous devons freiner leurs ardeurs.  La pluie et ciel si bas nous font penser à Brel, dans ce plat pays. Vers midi, nous rencontrons un petit Nadam, où tout le monde est à cheval ou à moto, en costume traditionnel, ou en grand imperméable vert de l’armée Russe.

 

Entre les gouttes, nous assistons à l’arrivée de la course des chevaux de 3 ans, toujours montés par de très jeunes enfants généralement sans chaussures ni vêtements de pluie. Il ne fait pas chaud. Ils ont parcouru 20 km au pas pour atteindre le départ réel et revenir au galop. Les enfants peuvent faire jusqu’à 6 courses dans la journée ! Nous mangeons dans la voiture, à l’abris de la pluie, de gros raviolis au moutons offerts par Mejet, Bilict  nous offre le thé qu’il a fait chauffer avec le réchaud à gaz sous le volant de sa voiture. La course des chevaux de 4 ans est partie pour 25 km (dans les deux sens toujours).

            

 Progressivement, les voitures se garent en cercle autour de la piste de lutte, les cavaliers se glissant dans les espaces encore disponibles. Les spectateurs moins craintifs de la pluie s’assoient sur le bord de la piste et les lutteurs apparaissent en culotte et boléro de couleurs vives. Le boléro est ouvert sur le devant depuis qu’une femme a combattu en se faisant passer pour un homme et a gagné le combat.

 

Sur la piste, il y a 2 juges. Les concurrents, chapeautés se présentent en effectuant autour du juge qui lui est attitré un pas de la danse des aigles, bras écartés, cambrés, sautillant comme au ralenti. Ils donnent leur chapeau à leur juge et la lute commence. Ils s’empoignent, s’arcquebouttent,  tournent… s’il tarde à y avoir de l’action, les juges les stimulent avec une tape sur les fesses. Le perdant est celui qui au sol une autre partie du corps que pieds ou mains. Le vainqueur est recoiffé de son chapeau, refait son salut des aigles, fait passer le vainqueur sous son bras et lui donne une tape aux fesses. Le vaincu peut alors remettre son chapeau. Avec chance, la pluie s’est calmée.

        

Vers 15h, nous quittons à regret cette sympathique rencontre. La deuxième course n’est toujours pas revenue. Alors que nous roulons à travers champs, on voit un voiture qui s’arrête en travers de la route. Gaby dit : « pas de pot, ils sont bloqués ». Plus loin, 2 hommes en tenue militaire nous font signe, mais Mejet continue. Ils nous lancent leur bâton qui fait un bruit assourdissant sur la voiture. Pas de casse ! La voiture aperçue tout à l’heure semble faire la course avec Bilect, devant nous, puis elle tourne et nous barre la route. Mejet leur parle. Ce sont des civils,  avec une fillette. Ils ne veulent pas nous laisser repartir. Les deux flics arrivent en courrant, et Mejet confie discrètement les clés de la voiture à Fred. Le ton monte, Mejet se débat à terre pour ne pas être menotté et demande de l’aide. Que faire avec des flics ? Mejet finit par monter menotté dans la voiture civile qui nous bloquait la route, mais Fred se met devant pour les empêcher de partir, Annie tente de demander ce qui se passe et Gaby est terrorisée au bord des larmes. Mejet palabre, ressort, est fouillé. Les flics cherchent les clés que Fred m’a fait passer au cas où lui aussi soit fouillé, et Mejet est réembarqué.

On m’autorise à prendre en photo la plaque d’immatriculation de la voiture, ce qui fait descendre son chauffeur venu la nettoyer. Fred en profite pour se pencher par sa fenêtre  ouverte et ainsi l’empêcher de reprendre sa place. Progressivement tout se calme, Mejet nous est rendu, livide et tremblant, les poignets rouges et gonflés. Nous ne connaîtrons jamais le fond de l’histoire. Que faisait cette voiture civile ? D’après Mejet, les flics n’avaient pas leur matricule sur l’épaule et en plus de ne pas s’être arrêté au début, il leur a demandé de voir leur carte officielle, qu’ils ont montrée si vite que personne n’a rien vu. C’est ce qui aurait déclenché leur colère… Mejet s’en est tiré en menaçant de tout raconter, avec témoins à sa compagnie (lui-même), qu’il est responsable de nous, et que ce sont leurs manières qui lui ont fait peur, les prenant pour de faut flics (Il a refusé de payer les taxes du précédent parc national tant que l’inspecteur ne lui a pas montré une carte officielle)

 

Nous avons rejoint Bilict et raconté nos aventures trépidantes, chacun ayant déjà des divergences de témoignage. Puis nous avons repris notre route très prudemment à l’écart des courses mais à une distance nous permettant de voir le vrai départ. Le stresse retombe progressivement et nous repartons sur les  chapeaux de roue, nos 2 jeep se faisant la course, Mejet ayant de l’adrénaline à revendre. Annie est furieuse et menace de descendre, Gaby rigole et Fred et moi trouvons ça sympa. C’est notre première divergence tendue avec Annie qui voudrait que Fred intervienne auprès de Mejet, et ça va continuer tout le reste du voyage. Puis tout se calme et nous profitons de nouveau du paysage magnifique. Nous surplombons une rivière qui serpente en bas d’une profonde ravine boisée, et redescendons dans la plaine.

 

Cette nuit, nous sommes accueillis chez des amis de Mejet, nomades. Ils ont des chevaux, des vaches, des chèvres et des moutons. Le grand père est magnifique avec son teint buriné et ses yeux bleus. Nous sommes logés dans le gers de son fils et sa belle-fille, ravissante par la douceur et l’énergie silencieuse qui émanent d’elle, par son sourire permanent et son accueil sans borne. Nous buvons le thé au lait, puis faisons les 3 tournées de la vodka offerte au grand- père.

 

 

 

 

 

Nous accompagnons la belle-fille à la traite des juments et certains d’entre nous essayent sans grand succès (les juments sont traites toutes les 2 heures de 10h le matin à 20h le soir. les petits sont rattrapés au lasso le matin et ne sont libérés qu’à la dernière traite, pour une nuit de liberté avec leur mère.

  

 

 

 

 

 

 

 

Puis traite des vaches, beaucoup plus simple pour les novices. Quel travail pour la femme ! Elle ne rechigne pas et garde en permanence le sourire.

 

 

 

Le grand-père capture une jument au lasso, au bout de sa grande perche curve qu’il fait tourner comme une manivelle pour resserrer l’étreinte autour du cou de l’animal.

 

 

 

Puis nous mangeons ensemble les nouilles à la viande séchée et buvons l’airag qu’il faut brasser tous les soirs pendant 1h30 ! Il est stocké dans un gros bidon semi enterré.  Nous aidons pour les travaux à notre portée.

 

Puis Gaby part `cheval avec le fils, au grand galop, chercher le troupeau de brebis. De retour, elle est rayonnante, elle caresse un chevreau noir qui s’endort sur ses genoux, Elle tourne autour de chacun pour donner un coup de main, tout essayer. Puis viennent les discussions et la nuit. On finit par se coucher, bien tard.

 

 

 

 

Allo la terre ici la lune
         (ou comment améliorer la porté de son téléphone portable

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vendredi 9 juillet : Shankh -> Kharkhorin (Karakorum),

 

Les nomades se levant tôt, nous sommes debout à 7h30, mais réveillés depuis déjà un bon moment. L’air est vif et le ciel en partie lavé de ses nuages. Chacun émerge à son rythme, déjeune, range, et c’est l’heure de la photo de famille et des au revoirs. Nous reprenons la route avec Bilict pour nous rendre au monastère de Shank, où personne ne nous invite à entrer malgré les appels de Mejet. Le monastère est paraît-il gardé par des chiens… Dommage.

 

 

Nous rejoignons une vraie route d’asphalte, un peu défoncée par endroit et nos chauffeurs préfèrent parfois la quitter pour ménager leurs pneus. Nous arrivons ainsi à Karakorum, ancienne capitale de la Mongolie et ville de Gengis Khan. Nous faisons halte près d’une pierre phalique qui s’accouple symboliquement  avec deux collines dessinant un sexe de femme.

 

 

 

Au temple nous nous offrons une visite guidée bien intéressante. On nous explique les peintures murales du XVIII siècle, les deux enfers et le paradis, les différents protecteurs… Il y a aussi de magnifiques tapisseries de soie, façon patchwork, très colorées, chargées, mais aussi très torturées. Nous découvrons Zanabazar, qui a reçu l’illumination à 5 ans, et une partie de son œuvre (sculptures).

 

 

Tous les styles d’architecture sont mélangés en passant par le chinois, le russe et le tibetain.

 

 

 

 

 

 

Quelques moines de tout age étudient dans le temple tibétain, sous l’œil et les remarques parfois déplacées des touristes…dont nous faisons partie. Les autres bâtiments sont transformés en musée. Nous achetons quelques souvenirs, les magasins d’Oulan Bator ou nous voudrions faire les courses risquant d’être fermés pour le Naadam.

 

Bilict nous a quitté pour rentrer plus tôt. Après quelques courses alimentaires, nous mangeons près de la tortue sculptée dans la pierre, reste de chamanisme et limite de l’ancien Karakorum.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous faisons ensuite route vers la capitale, déçus de poursuivre sur une vraie route, dominée sur un col d’un formidable ovoo très coloré. La conduite Mongole étant encore très anarchique, c’est un lieu fréquent d’accident, a cause de la faible visibilité… On ne croise pourtant pas beaucoup de voiture !

 

 Mais Mejet nous fait faire un détour dans la montagne par un petit temple temple dont je ne retrouve pas le nom. Pour cela, nous retrouvons la piste bosselée, longeons quelques dunes de sable. Tout est redevenu aride, avec juste dans le fond de la vallée, un marais gonflé par les pluies de ces derniers jours, et que nous avons quelque appréhension à franchir. Le monastère est tout petit, tenu par une femme, chef lama. Très peu de moines viennent ici. A 45 minutes de marche, Fred, Gaby et moi, trouvons les ruines de l’ancien monastère, détruit par un rival de Zanabazar en 1640. Les murs de pierre sont magnifiques et j’ai une pensée pour papa. Le paysage est grandiose et aspire à la méditation, mais on nous attend en bas.

 

Près du temple, nous décidons de passer la nuit en guest gers, mais nous n’avons pas l’opportunité de rencontrer nos hôtes. Nous profitons du filet d’eau du ruisseau pour faire une vraie toilette… et passons une soirée calme avec coucher tôt pour Gaby et Annie. Fred bouquine sous un crépuscule qui donne au ciel des tons changeants qui jouent avec les couleurs de la montagne. Le soleil n’en finit pas de se coucher. Le ciel est limpide et nous voudrions voir les étoiles en ce dernier jour à la campagne. Mais il nous faut encore patienter 2h. Nous partons nous promener dans le lit de la rivière qui ici est asséché, bras dessus, bras dessous, contemplant la beauté du paysage. Vers minuit, le ciel est toujours un peu clair et nous observons les myriades d’étoiles, mais pas la voie lactée. Une bougie nous attend et éclaire doucement l’intérieur du gers, où Gaby et Annie dorment paisiblement. Fred éteint, et rejoint son lit, qui s’écroule sous son poids… Il prend donc le parti de dormir par terre ! La nuit est douce.

 

Samedi 10 juillet, Kharkhorin -> Oulan Bator.

 

Réveil matinal sous un ciel limpide. Le soleil illumine l’autre versant de la vallée et nous restons dans l’ombre jusqu’à notre départ vers 9h30. Nous rejoignons rapidement une grande ligne droite goudronnée, qui coupe le paysage en 2. La route est si parsemée de trous qu’elle en est souvent réduite à une seule voie passant d’un coté à l’autre. On voit certains accidents impressionnants… c’est un peu effrayant ! Les véhicules sont vieux et mal entretenus, ou durement malmenés, et beaucoup sont arrêtés capot ouvert.

Nous mangeons dans un restau pas terrible. Le ciel se couvre. La circulation se densifie à l’approche de la ville, les concurrents des courses se sont regroupés avec leur gers et leurs bêtes à proximité du départ des courses. Des tentes parsèment les environs. Les militaires et la police sont de partout.

A Oulan Bator, la circulation est inhabituellement dense, avec en plus certaines rue rendues impraticables par les récentes pluies. Il y a de la bouillasse de partout.

 

 Après avoir déchargé la voiture chez Méjet, Fred et moi, repartons au marché dit « noir », pour acheter un manteau mongol pour Fred, qui sur conseil de Méjet cache l’argent… dans ses chaussettes, et nous tenons l’appareil photo à 2 mains. Après avoir acquitté les 50 tugrucks de l’entrée, nous nous trouvons sous 2 immenses hangars. Nous traversons les allées de tissus, les vêtements « occidentaux », les anoraks (pas mal ! ) et les pulls en poils de chameau (jolis !)Fred trouve son bonheur, il est magnifique… seules les sandales sont de mauvais goût ! Au retour, nous prenons 2 anoraks, et des pulls… Quand on sait que le revenu moyen ici est de 50 dollars par mois, cela explique les faibles coûts ! Comme il nous reste un peu de temps, nous continuons à patauger dans la boue, au milieu des étals rangés par corporation. Il y a un monde fou et c’est immense. On y trouve de tout, de la pille bouton à l’alimentation, de la selle de cheval à la boite plastique… les gens se bousculent… Dans un coin, des chanteurs accompagnés d’un accordéon, d’un instrument à corde, d’un tambourin et d’un moriin khuur (vielle à 2 cordes en crin, son manche est sculpté en forme de tête de cheval). Plus loin, les joueurs de billard.

 

 

 

 

Chez Mejet, nous buvons le thé, passons sous la douche (impressionnant), et faisons la lessive (phénoménal). La machine n’a rien à voir avec ce que nous connaissons, mais quelle efficacité ! On rempli l’eau à la main, puis on met la minuterie de la pale qui crée un tourbillon. L’eau est devenue totalement noire. Chaque programme est manuel : on vidange, puis on remplit pour rincer … Pour l’essorage, il faut changer de cuve. Le linge ressort parfait pour une lessive qui n’a pris qu’une demie heure ! Bilget nous prépare le repas… nouilles faites à la main, quelques légumes et bouts de viande.  

Dimanche 11 juillet, ouverture du Naadam

 

Lever à 8h après une nuit très bruyante. Quel décalage avec le calme de la campagne ! Après déjeuner nous nous rendons à pied au Naadam stadium. Le ciel est très gris et couvert à l’ouest et limpide à l’est. Dans le doute, nous partons avec des bonnes chaussures, un pantalon, un pull et le K Way, et oublions la crème solaire. Bien entendu, il va faire beau toute la journée et nous rentrerons cuits le soir !

 

Gaby reste en arrière avec Annie et Danièle (une canadienne rencontrée la veille chez Mejet)… et se perd dans la cohue. Nous finissons par la retrouver terrorisée après 30 minutes de recherche. Quelques larmes vite avalées libèrent la trop forte tension. Devant le stade, les participants à la cérémonie d’ouverture attendent.

Dans le stade, nous sommes sur le coté, bien éloignés. On ne voit pas grand chose, sauf les parasols coca et pepsi qui nous cachent une partie de la vue… La cérémonie d’ouverture se fait face à la tribune officielle,  et une ligne d’archers nous cache ce que nous aurions pu voir !

 

 

On commence par l’armée puis l’arrivée de l’ancien drapeau Mongol, 9 parties en crin de cheval portée par 9 militaires en tenue d’apparat, monté sur des chevaux blonds.

Puis, c’est très désordonné, tout est mélangé : cirque, théâtre, costumes anciens… avec des musiques qui n’ont rien de Mongol (on a eu droit à un bout des gaitées parisiennes).

Viennent ensuite les lutteurs qui saluent le drapeau en tournant autour et en effectuant la danse de l’aigle, et ils commencent à combattre pèle mêle, mais là aussi, on est trop loin pour pouvoir apprécier.

 

 

 

Nous mangeons à l’extérieur du stade, dans ce qu’on pourrait appeler une grande fête foraine. On trouve des chapeaux en tout genre, des instruments de musique, des lunettes, des jouets, des jeux de hasard, à manger et à boire.

 

La foule est bigarrée : touristes en costume de touriste avec short à poches multiples, bob ou chapeau de cow boy, tee shirt et chaussure de marche, les touristes moins visibles, les chinoises avec leur longues robes moulantes ouvertes haut sur la cuisse, les japonaises, soit en kimono, soit couvertes de la tête aux pieds pour se protéger du soleil, les mongols en tenue traditionnelle… Quelques rares chevaux passent dans la foule… Des enfants ramassent canettes et bouteilles plastique dans de grands sacs. Il y a dans cette ville beaucoup de sans abris qui tentent de survivre l’hivers dans les sous sols où courent les tuyaux de chauffage…au risque de se faire ébouillanter quand ils fuient. Un petit nous demande des sous, nous lui offrons un repas, et un paquet de chocos à d’autres. On voit même un homme boire l’eau d’une flaque sous les roues d’une voiture.

 

 

Régulièrement on voit des gens avec de gros téléphones portables. Ils font office de cabine téléphonique ambulantes.

 

 

Nous cherchons pendant un bon moment le coin des archers. Ils sont tous en costume. Ils tirent des flèches plombées, et doivent renverser des cubes de différentes couleurs, correspondant à différents points. (PH 100,101,102)

 

Sous un marabout, on entend une sorte de chant assez monocorde, comme un bourdonnement. Ce sont en fait des joueurs d’osselet, jeu très connu ici. On ne comprend pas très bien la règle, mais il semble qu’il faille faire un pari avec des signes de doigts discrets sur le résultat futur. Un osselet plat est passé de joueur en joueur jusqu’au dernier qui propulse l’osselet d’une pichenette sur les vrais osselets disposés sur une table de jeu. Comment sont comptés les points ? En fonction du résultat les hommes font un chant étrange. La tente recevant plusieurs tables de jeu, le chant parait continu. (PH 103)

 

Puis fatigués et cuits, nous rentrons nous rafraîchir et nous reposer vers 16h. Après une bonne sieste, Gaby préfère rester et jouer en bas avec les enfants du quartier, tandis que nous partons visiter la ville à pieds. Dans la grande avenue, nous faisons toutes les boutiques à la recherche de pellicules photo et de vraie pilles. Les pille chinoises sont ultra légères et même neuves ne peuvent tirer une photo. Nous arrivons ainsi sur la place principale. L'architecture est de pur style communiste ! Que de béton.

Ce soir, nous explorons les restaurants… avec carte tout en Mongol et personne pour traduire… Nos deux voisins nous voyant en difficulté nous viennent en aide. L’un parle un peu anglais, l’autre un peu coréen. Ils finissent par s’installer avec nous et nous discutons dans les deux langues communes, vite limités tout de même. Les brochettes de mouton sont délicieuses !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lundi 12 juillet, course de chevaux et retour anticipé

 

5h du mat j’ai des frissons… ou plutôt nous enrageons Fred et moi contre les deux jeunes filles qui écoutent la musique à fond juste sous notre fenêtre. A 7h30 départ en minibus pour nous rendre à l extérieur de la ville et assister à la première course de la journée (chevaux de 4 ans, parcours de 27 km). Nous sommes en pleine nature et il y a foule. On trouve un gros insecte, encore jamais rencontré

 

On rencontre toute sorte de gens, dont un homme à cheval cigarette au bec, une bière dans une main et le téléphone portable de l’autre.

 

Les chevaux partent à petite vitesse derrière des véhicules, et font le retour à fond. Pour les 54 km ils mettront 1h 15. Un nuage de poussière signale l’approche des 300 concurrents (les plus jeunes ne devraient légalement pas avoir moins de 5 ans). Ils sont très loin et la foule se presse contre les cordes maintenues par la police et les militaires tout le long du parcours. La course terminée, Gaby est fatiguée et dérangée du coté des intestins. Je rentre avec elle pour la mettre à l’ombre de la voiture. Fred continue d’explorer les environs et se promène du coté de l’arrivée. Les derniers concurrents arrivent au pas. Les chevaux à bout de souffle passent à coté d’un de leur semblable mort d’épuisement 20m avant l’arrivée. Il est vite dégagé. Certains adultes arrivent à passer les cordes et viennent aider les retardataires.

   

 

   

 

 

Du parking, je surveille le retour de nos collègues de minibus et je vais à leur rencontre, car ils ne prennent pas le bon chemin.

 

En ville nous mangeons dans un tout petit restaurant… des nouilles à la viande… Fred est crevé et nous décidons d’avancer notre retour d’un jour pour éviter les désagréments nocturnes et lui permettre de se reposer une journée avant sa reprise du travail. Après une bonne sieste, on fait quelques courses au département store, puis on retourne au stade pour voir ce qui s’y passe.

On ne peut pénétrer dans l’enceinte, mais on entend les cris des spectateurs des derniers combats. On pourra y assister sur un petit écran installé sous une tente.

 

Partout dans la rue                    ou joue au jeux de

les gens téléphone                    hasard en espérant

 avec leur portable                    gagner un peu

( qui veut dire ici :                     d'argent !

porté par un autre)

 

 

 

 

 

 

 

Ensuite c’est l’effervescence, fermer les valises, manger au restau, à 22h Mejet nous conduit à l’aéroport, à 1h30 du matin, décollage, à 2h30 repas servi dans l’avion, 4h30 arrivée, 5h contrôle en douane où le poignard que Fred a acheté ne peut entrer en Corée pour risque de terrorisme (mes couteaux de cuisine sont autrement plus dangereux), 5h30 bus et 6h30 arrivée, pleins de tout ce merveilleux voyage.

 
 

A bientôt

Famille Ibled

 

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